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Niteroï 2016 - Recherche avec

Niteroï 2016

Symposium Niteroï 2016

Université Fédérale Fluminense

(17 au 20 avril 2016)

Programme symposium Recherche Avec 2016           Annexes au Programme Recherche avec 2016 

Un thème fédérateur : l’altérité

 Tout échange avec l’autre suppose que l’on puisse tenir ensemble les deux extrémités d’un même fil : considérer à la fois l’autre comme assez semblable pour que l’échange soit possible, mais aussi comme différent, comme inscrit dans un monde dont les coordonnées nous échappent au moins en partie

Ellen Corin, 2013

 Lors de la première édition du symposium « Recherche avec », le thème de l’éthique s’était imposé comme fédérateur. La question éthique a été déclinée en de multiples réflexions durant les conférences, tables rondes et ateliers. Bien que l’éthique n’ait pas été annoncée comme thème général du symposium, elle a constitué une entrée commune à partir de laquelle les pratiques de recherche et les enjeux sociaux et politiques ont pu être analysés.

Pour cette seconde édition, dans la continuité de ces travaux collectifs entourant l’éthique dans la recherche « avec » de 2014, le thème de l’altérité a été retenu[1]. Nous proposons une triple porte d’entrée.

D’abord, la rencontre de l’autre (partenaire, collaborateur, participant, etc..) lorsque la recherche avec nécessite de comprendre la place que chacun occupe dans le processus de la recherche et dans la production des connaissances.

Ensuite, l’autre dans les pratiques professionnelles, dans les métiers du soin, en psychologie, en intervention sociale, etc…lorsque la place de l’autre est déjà cadrée, définie et située dans la relation au sein des institutions.

Et finalement, les rapports avec l’autre au sein de la communauté des chercheurs (l’autre discipline, l’autre posture épistémologique, l’autre cadre théorique, l’autre dans mes plates-bandes….la mise à distance, la dévalorisation, la tension ou l’indifférence). Ce rapport à l’autre chercheur peut aussi prendre la voie du dialogue, du nécessaire passage par la transdisciplinarité pour penser la complexité des objets actuels (Morin, 1997).

 Rencontrer l’autre ou le catégoriser

Mener une recherche avec les personnes les plus concernées par celle-ci suppose une rencontre avec d’autres qui ne partagent pas la totalité des références du chercheur et qui ne vivent pas complètement comme lui. Dans la posture ordinaire consistant à mener des recherche « sur » les autres, l’altérité tend à être considérée comme un fait à objectiver par des catégorisations sociologiques. L’autre, sur lequel le chercheur enquête, est alors considéré comme « de milieu défavorisé », « autochtone », « enfant abandonné », « sujet dépendant », « en situation de handicap » ou « personnel soignant ». Cette sociologisation et/ou psychologisation de l’altérité relève alors peut-être de ces réactions contre-transférentielles identifiées par Georges Devereux (1981). Mécanisme par lesquelles le chercheur se protège de l’angoisse générée par la rencontre avec l’autre.

La distance avec l’autre que génère ce type de catégorisation limite par ailleurs les possibilités d’expression et de compréhension. L’autre n’est-il pas alors considéré davantage comme instrument nécessaire pour la mise en place de dispositifs de normalisation et de régulation plutôt que comme membre d’une communauté interprétative (Sandoval Schmidt, Maria Luisa, 2006) ?

En adoptant une posture et une démarche de recherche avec, le chercheur tente de réduire la distance avec les sujets de la recherche. Un des objectifs de la recherche avec (les sujets concernés) n’est-il pas d’arriver à de véritables rencontres, pour produire des connaissances qui fassent la place à la logique interne, au sens voire aux rêves de celle et de celui qui nous sont étrangers? Ceux-ci sont appelés, selon des modalités variables, à contribuer à la construction du dispositif de recherche et/ou au travail d’interprétation qui sera fait des données. Le frottement à l’autre, à son langage, son expérience, sa trajectoire, sa vision du monde, ses pratiques sociales ainsi que les résonances et les tensions que tout cela produit dans le chercheur lui-même se manifestent dans les différentes étapes de la recherche et non pas seulement lors de l’analyse des données.

L’altérité dans les pratiques professionnelles

Dans les métiers dits « de la relation », les pratiques professionnelles s’adressent à un autre à éduquer, à soigner, à aider et plus largement à accompagner. C’est bien souvent sous l’angle psychologique, voire psychanalytique, que cette relation à l’autre est analysée avec la tentative d’élaborer la « bonne » distance. De nombreux dispositifs d’analyse des pratiques professionnelles, souvent inspirés des travaux de M. Balint, ont été expérimentés et diffusés dans ce but. La manière dont le professionnel pense l’autre et intervient auprès de lui est bien souvent informée par des travaux de recherche lui permettant de faire face à l’altérité parfois plus troublante par ce qu’elle active d’intime chez le professionnel que par ce qu’elle a d’étrange.

En intervention sociale, la vision de l’autre comme un semblable se dessine dans de nouvelles approches de plus en plus répandues d’intervention par les pairs.  L’intervention se fonde alors sur les multiples formes d’échanges avec ces autres qui me ressemblent et consiste au final à retisser une communauté par la voie de la reconnaissance (Bellot et Rivard, 2007).

 L’altérité dans l’institué scientifique

Dans les sciences sociales et tout particulièrement au Brésil aujourd’hui, la problématique de l’altérité est liée à celle de la production des subjectivités. C’est en effet par le rapport des êtres humains à des objets, des pratiques et des forces sociales, par des assemblages hétérogènes et des connexions complexes que la subjectivité est produite (Rose, 2001). Mener des recherches avec les sujets concernés par celles-ci confronte le chercheur à de telles dynamiques qui sont indissociablement individuelles et sociales.

L’histoire de l’anthropologie est traversée, peut-être plus que d’autres sciences sociales, par des débats et des prises de conscience parfois brutales concernant la manière dont l’autre est traité par le chercheur. En situation coloniale, lorsque les chercheurs se rendaient sur des territoires militairement occupés par leur propre pays, l’asymétrie des positions entre enquêteur et enquêté était autant déterminé par le rapport entre observateur et observé que par celui entre colon et colonisé.

Avec le développement d’une ethnologie « du proche », le rapport n’est pas pour autant fondamentalement transformé entre l’ethnologue appartenant à une classe intellectuelle culturellement dominante et l’autre dont il étudie les pratiques et les croyances. C’est d’ailleurs, selon Lourau, par le refus de considérer ses propres implications dans les objets qu’il étudie comme dans la société où il vit, que le sociologue construit ordinairement son statut (Lourau, 1981).

La recherche de Jeanne Favret-Saada sur la sorcellerie dans le bocage normand dans les années 1970 témoigne des tensions internes d’une posture de recherche héritée. Les enquêtés, après avoir longuement résistés à l’investigation de la chercheuse, vont finalement lui attribuer une place dans le dispositif de la sorcellerie (Favret-Saada, Contreras, 1981). Ce faisant ils s’en attribuent une dans le dispositif de recherche.

Pour sa part, l’anthropologue et psychanalyste Ellen Corin évoque le nécessaire décentrement, le déplacement du chercheur dans le monde de l’autre, dans le but, non pas de capter la différence et de repartir avec son bagage, mais de renouveler son regard, sa pensée et ses valeurs. L’anthropologie qui a été forcée de revoir sa participation à « l’Altérisation de l’Autre » et à son essentialisation, n’échappe pas aujourd’hui au contexte de mondialisation qui homogénéise et qui fait passer l’uniformité pour de l’universalité. En Occident, l’accent mis sur la Mêmeté des cultures en vient à rendre alors incompréhensible et menaçante l’altérité de l’autre. Comment, dans la rencontre avec l’autre, la recherche avec, peut-elle participer  à explorer autrement les « géographies de l’ailleurs » et de nouvelles possibilités de penser ?

L’altérité entre chercheurs

S’il va de soi de penser l’altérité entre le chercheur et « ses » sujets, il est moins fréquent de la penser entre professionnels de la recherche. Le contexte actuel des institutions scientifiques est celui d’une précarisation des statuts et d’une compétition croissante entre chercheurs. La « communauté scientifique » est en permanence traversée par des conflits qui peuvent être des conflits théoriques mais aussi le produit d’une mise en concurrence pour l’accès aux financements et aux postes. Des rapports de domination s’y jouent entre disciplines, entre courants et à l’intérieur de ceux-ci. Si une vision fonctionnaliste de ce phénomène peut conduire à considérer que ces tensions sont le moteur des progrès scientifiques, on peut aussi craindre un appauvrissement des capacités critiques de chercheurs davantage préoccupés par leur survie institutionnelle que par le débat scientifique que suppose l’altérité épistémologique.

En poussant encore un peu la réflexion, est-ce que cette altérité « noble » n’en cache pas d’autres ? Ainsi, ne joue-t-elle pas au sein de l’institution scientifique les mêmes rapports de pouvoir que dans l’ensemble des sociétés humaines : entre hommes et femmes, entre origines socio-économiques, entre groupes politiques, religieux et professionnels ?

Avec le développement de projets de recherche pluri, multi et trans disciplinaire ou bien encore avec la pluri et la multi-référentialité, l’altérité est-elle apprivoisée ? La pacification du rapport à l’autre est-elle d’ailleurs souhaitable ?

Cooptation des nouveaux participants

Le comité scientifique n’a pas défini de procédure formelle d’admission de nouveaux membres. Pour devenir membre du réseau, il faut être invité par des membres actuels et participer à la préparation d’un atelier du prochain symposium.

C’est donc par la participation au travail collectif que l’on devient membre du réseau.

 Informations pratiques

Des frais d’inscription (réduits comme à Ottawa) seront demandés sur place. Le comité de coordination local décidera prochainement du montant et l’encaissera.

Inscriptions – Symposium Recherche avec

Professeurs/Chercheurs – R$ 200,00

Étudiantes de post-graduation – R$ 100,00

Étudiants de graduation – R$ 20,00

Professionnelles de l’éducation basique – R$ 50,00

 

 

 

 

 

 

[1] Et aussi, pour plusieurs d’entre nous, français, mexicains et canadiens, le symposium 2016 implique un déplacement en contexte brésilien et lusophone.

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