Appel à communication – symposium « Par quels processus se développe le pouvoir d’agir ? » (ACFAS 2023)

Congrès ACFAS 2023 – Appel à à communications – Colloque 407 :

« Par quels processus se développe le pouvoir d’agir ? Analyses comparées internationales de dispositifs de recherche et d’accompagnement social »

Organisatrices : Nathalie Mondain (Université d’Ottawa) et Marie-Hélène Doublet (Université de Tours, France)

Le 10 mai 2023, Université de Montréal, Canada

Le concept de pouvoir d’agir ou empowerment vise principalement des groupes sociaux vulnérables du fait de leur minorisation, de leurs conditions d’existence ou de crises plus globales frappant leur société d’origine. Ce concept fait l’objet d’importantes critiques, la principale étant qu’il a été détourné de son objet initial de transformation radicale des structures de pouvoir inégalitaires « à partir du bas » (bottom up) pour en venir graduellement à associer le pouvoir d’agir aux choix individuels et économiques au détriment du pouvoir collectif (Calvès, 2009; 2014; Cornwall, 2016). Ceci a conduit un nombre croissant de structures (ONG, associations, structures gouvernementales ou privées, etc.), relayées par des chercheurs de différentes disciplines, à repenser leurs modalités d’action (Tello-Rozas, 2021), et ce faisant, à revisiter certains concepts souvent associés à celui de pouvoir d’agir dont la signification a fini par devenir ambigüe : participation, vulnérabilité, solidarité, communauté pour ne citer que ceux-là. L’intention sous-jacente à ces recherches engagées est de permettre la mise en place de dispositifs innovants ancrés dans une démarche collaborative et visant la justice sociale et épistémique. Pour autant, l’enjeu de la durabilité de ces derniers, faute d’une synergie efficace entre eux, reste entier et pose donc la question de leur crédibilité tant auprès des bénéficiaires que des pouvoirs publics censés s’en inspirer pour définir leurs politiques (Le Goff, 2014).

L’analyse critique des processus mis en œuvre pour favoriser le pouvoir d’agir de groupes sociaux vulnérables pose donc d’importantes questions relevant de trois ordres principaux. Tout d’abord, elle fait référence à un phénomène social majeur qui a pour fil conducteur le souci de l’inclusion dans une perspective de justice sociale. Au Canada, par exemple, l’inclusion est associée aux concepts de diversité et d’équité (EDI), et constitue une orientation gouvernementale reprise à divers échelons dans les institutions canadiennes qu’elles relèvent de la société civile ou non. Qu’en est il ailleurs dans le monde? A quels types d’écosystèmes de fonctionnement et de gouvernance donnent elles lieu et suivant quels principes directeurs? En second lieu, ces processus reposent sur une pluralité de pratiques de recherche, pédagogiques et d’intervention qui s’inscrivent dans une visée émancipatrice liée au développement du pouvoir d’agir individuel et collectif (Bonvin et al., 2013; Neveu, 2016). Quelles sont ces pratiques et quels effets ont-elles sur les participants (aux recherches, bénéficiaires des interventions ou plus largement apprenants), notamment selon une perspective éthique? Enfin, les dispositifs de recherche, pédagogiques et/ou d’intervention mis en place dans une perspective de justice sociale s’inscrivent dans un projet politique plus global dont la vocation est d’être durable. Il s’agit donc de mieux exposer les fondements de ces démarches et d’en analyser les effets comparativement à l’existant dans le domaine de l’action sociale, d’insertion professionnelle, éducative et sanitaire afin d’en informer les autorités décisionnelles concernées.

Le colloque abordera ces questions en mobilisant des études de cas variées dans leurs contextes et champs disciplinaires en s’intéressant notamment aux rapports de domination sous-jacents à la mise en œuvre des approches participatives et collaboratives et aux enjeux éthiques soulevés par ces initiatives. L’approche méthodologique du parcours de vie sera discutée dans sa vocation et son potentiel à  permettre de mieux comprendre les cheminements vers l’acquisition d’un pouvoir d’agir ainsi que les processus d’autonomisation.

Pour soumettre une proposition :

  • Titre de la communication : 180 caractères max.
  • Résumé de la communication : 1500 caractères max. (environ 200 mots)
  • Les communications par affiche sont bienvenues.
  • Coordonnées : nom, adresse courriel, affiliation institutionnelle
  • SVP transmettre vos propositions à l’adresse suivante : nmondain (at) uottawa (point) ca et marie.helene.doublet (at) wanadoo (point) fr
  • Date limite pour soumettre une proposition : vendredi, 17 février 2023.
  • Date limite du tarif d’inscription préférentiel : 31 mars 2023.
  • Tenue du colloque à l’ACFAS (présence et distance) : 10 mai 2023.

Bibliographie indicative

Bonvin, J. M., Dif-Pradalier, M., & Rosenstein, E. (2013). Politiques d’activation des jeunes et modalités d’accompagnement. Le cas du programme FORJAD en Suisse.Lien social et Politiques, (70), 13-27.

Calvès, A. E. (2009). «Empowerment»: généalogie d’un concept clé du discours contemporain sur le développement. Revue Tiers Monde, (4), 735-749.

Calvès, A. E. (2014). 17. L’empowerment des femmes dans les politiques de développement: Histoire d’une institutionnalisation controversée. Regards croisés sur l’économie, (2), 306-321.

Cornwall, A. (2016). Women’s empowerment: What works?. Journal of International Development, 28(3), 342-359.

Le Goff J-L (2014). « La réflexivité dans les dispositifs d’accompagnement : implication, engagement ou injonction ? », dans revue ¿ Interrogations ?, N°19. Implication et réflexivité – II. Tenir une double posture, [en ligne], http://www.revue-interrogations.org/La-reflexivite-dans-les

Neveu, C. (2016). Un projet d’émancipation à l’épreuve de sa mise en pratiques. Revue du MAUSS, 48(2), 173-186.

Tello-Rozas, S., Pozzebon, M., & Heck, I. (2021) Séance 4C-La co-construction des innovations sociales à l’épreuve de la justice sociale et épistémique/Co-construction of Social Innovations and Social and Epistemic Justice, Actes du Colloque international du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) 6e édition | 8 et 9 avril 2021, Au carrefour des possibles. Quelles innovations sociales contre les injustices sociales, environnementales et épistémiques ? At the crossroads of possibilities. Social innovations against social, environmental and epistemic injustices?, 459.

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